Sunday, May 24, 2009

Antoine Gratton

Texte de Sylvain Cormier de Le Devoir, suite à la première médiatique du nouveau spectacle d'Antoine Gratton au Club Soda.

Finalement, c'est arrivé. Son heure. Son moment. Son explosion. Sa fission nucléaire. Son big bang. Hier, à la première montréalaise du spectacle de son formidable dernier album, Le Problème avec Antoine, ledit Antoine a été plus que formidable. J'ai pas le mot, à vrai dire, alors je mets: plus. Plus plus plus. Déchaîné? Pas assez fort. Faudrait renchérir sur la surenchère. Démentiellement époustouflant? Brillamment éblouissant? Maudit maudit maudit bon show?

J'échoue, là. Ça ne dit rien de ce qui s'est passé. Rien d'autre que la mesure de ma réaction. Alors qu'il faudrait tout décrire de ce qu'Antoine Gratton donnait à voir, entendre et jouir. Son entrée en scène de Stade Olympique, son tuxedo lamé rouge glam-rock estampillé 1973, son piano-boule miroir scintillant de mille feux. Son aisance, parler de cette aisance incroyable qu'il a, de cette façon d'arrêter quand il veut et reprendre quand ça lui prend, de l'effarante vivacité d'esprit qui lui permet de réagir illico à n'importe quoi: son sens du happening. 

J'ai encore rien dit de la musique. Tout le Gershwin qui s'immisce dans ses arpèges, l'intégrale Elton John, Billy Joel et autres Supertramp au bout des doigts, cette culture musicale tentaculaire (des citations partout, ici un thème de James Bond, là des gammes de Lady Madonna), ce répertoire infini qui squatte constamment ses chansons à lui. J'exagère, vous trouvez? Je suis totalement en dessous de la vérité. Le talent lui pisse des pores, ce gars-là, et je n'ai pas vu au Québec un showman comme lui depuis... depuis quand déjà? Dédé à l'ancien Soda? Leloup sur la Catherine? Si j'avais vu Charlebois la fameuse fois de l'Esquire Showbar en feu, je pourrais comparer. Hélas. 

Fallait être là, j'imagine. À l'Esquire comme au Soda hier. Vivre ça. Et raconter comme on peut Antoine transportant le show avec son seul banjo, du fin fond du parterre. Et Antoine sautant sur son banc de piano comme sur une trempoline. Et Antoine invitant Pierre Bertrand et démontrant avec lui que Ma blonde m'aime est une chanson d'enfer (qui l'eut cru?). Et Antoine avec Daniel Boucher, pendant la bien-nommée À l'aide, se répondant, mon clavier ta guitare, goguenards, heureux comme des frères. Boucher qui, soit dit en passant, officiait hier en première partie de Gratton, trois semaines après que Gratton eut levé le rideau de Boucher (et tenu la basse dans son power trio). 

J'arrive en fin de texte. Déficitaire. Rien dit de l'incroyable flexibilité du power trio pop d'Antoine et ses copains les Chartrain. Ni des ballades qui avaient le blues comme ça se peut pas (La Dernière fois, Le Monde, Noeud de cravate). Pas le choix: faudra qu'il récidive, le bougre. Condamné à exploser, désormais. 


Je n'ai rien à ajouter. 

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